La newsletter de HES naît avec la vocation d’établir un contact trimestriel avec nos clients (investisseurs, consommateurs et producteurs) et de les tenir au courant des évolutions constantes du marché de l’énergie, avec une attention toute particulière sur la France.
Ce premier numéro sort dans un moment de crise profonde dans le secteur de l’énergie, avec les prix de Brent, du gaz ou de l’électricité au plus bas, des politiques en matière d’énergie déconcertantes, des changements continus de réglementation, des “utilities” traditionnelles contraintes de réaliser un nettoyage de bilan, etc.
Et vous, au milieu, spectateur de ce chaos et dans l’obligation de continuer à prendre des décisions de gestion : définition de la politique d’approvisionnement de l’énergie (consommateurs) ; optimisation des actifs de génération (producteurs) ; ou recherche d’opportunités d’acquisition d’actifs (investisseurs). Nous sommes d’accord, dans ce contexte, la vie des acteurs du secteur n’est pas facile et la vôtre non plus.
Au moment de la création de HES, il y a maintenant 5 ans, nous étions convaincus du changement de paradigme dans le secteur de l’énergie. Les utilities, avec un accès difficile aux ressources financières étaient destinées à laisser le champ libre à de nouveaux investisseurs (fonds d’investissements) qui devaient fournir ces ressources limitées. Elles devaient se concentrer sur leur “core business” (ingénierie, exploitation, maintenance, gestion des risques du marché, etc.) alors que les fonds devaient fournir l’accès au marché des capitaux. Dans ce nouveau contexte, HES se positionnait aux côtés de l’investisseur pour garantir que les risques étaient assumés en fonction du profil de risque du client. C’est ce que nous avons fait durant ces dernières années.
Nous devons reconnaître que nous avons vu trop juste dans nos prévisions. Ce qui en principe aurait dû être un repositionnement naturel des acteurs s’est transformé en une crise plus importante. Si nous ne nous centrons que sur le secteur de la production de l’électricité en Europe continentale, la situation est critique :
- Les Prix de vente de l’électricité ne couvrent pas les coûts fixes des producteurs conventionnels. La subvention de la production renouvelable altère les fondamentaux du marché.
- Les générateurs conventionnels retirent une partie de leur capacité pour limiter leurs pertes avec le risque de faille du système qui en découle. Des centrales à gaz de dernière génération avec un rendement proche de 60% laissent leur place à des centrales à charbon/lignite obsolètes. Ce qui est une aberration énergétique!
- La France, (demande thermosensible) fortement touchée par la réduction de la marge de réserve, met en place un marché de capacité pour garantir la pointe de la demande.
- La Commission Européenne attaque le design du marché de capacité français suspect d’aide de l’Etat. Stupeur des acteurs!
- La France soutient une politique climat avec la fermeture de centrales nucléaires (pas d’émission de CO2) pour maintenir des centrales à charbon (fortement émettrices de CO2). Surprise générale !
- La France (MEDDE) soutient l’extension de vie des centrales nucléaires en cohabitation avec la réduction du pourcentage de production nucléaire à 50% en 2025 inscrit dans la loi pour la transition énergétique…. A nouveau des sueurs froides !
Le ministère reporte la publication de la “programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)”, sine die nous supposons, pour cause d’impossibilité à trouver des scénarios cohérents dans ce contexte.
L’exemple français est extrapolable à toute l’Europe continentale. Le résultat est que les grandes utilities (E.On, RWE, Engie, Vattenfall) font des dépréciations d’actifs équivalents à plusieurs années de bénéfices et mettent en alerte les autorités sur l’avenir de leur activité conventionnelle. Elles placent leurs actifs toxiques dans un périmètre isolé, vraisemblablement à l’origine de décisions plus draconiennes qui conduiront le système au risque de black/Brown-out.
Suite à la décision de la mise en application des contrats par différences (cas du Royaume Uni), le marché de l’électricité est définitivement dirigé. Nous ne croyons pas possible qu’un quelconque investisseur développe une nouvelle génération de marché sans aucune sécurité. De notre point de vue, le système est sur le point d’évoluer vraisemblablement vers une nouvelle re-réglementation.
Dès lors, dans cette situation de très grande instabilité, il est encore plus nécessaire de ne pas se tromper dans la prise de décisions. A la suite, quelques conseils à nos clients :
- Le consommateur trouvera difficilement de meilleures conditions pour l’approvisionnement à long terme du moment qu’il couvre le risque de contrepartie.
- Le producteur devra s’adapter aux difficiles conditions de marché : réduction des coûts, adaptation pour gagner en souplesse, sous-traitance d’activités non essentielles ; fermeture/mise sous cocoon des installations.
- L’investisseur, en mesurant les risques, peut trouver des actifs de grande valeur à prix cassés.
En définitive, cette époque de tribulations est aussi le temps des opportunités pour les acteurs capables de s’adapter.
Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à lire cette Newsletter que nous en avons eu à la créer. Toute l’équipe HES et moi-même sommes à votre disposition pour vous soumettre notre Expertise sur Vos défis en Energie.