PPA pour tous !

Depuis quelques temps déjà, le monde de l’énergie voit s’imposer un acronyme valise : le « PPA ». Ces trois lettres, auxquelles s’ajoutent souvent des attributs comme « Corporate », « Renouvelable » ou encore « Long Terme », cherchent à représenter l’avenir du développement compétitif des énergies décarbonées dans le monde.

Pourtant, quand nous comprenons ces trois lettres : « Power Purchase Agreement », il nous semble que cette forme de contrat désigne la large famille des contrats où au moins une des parties achète de l’électricité. Nous sommes donc un peu perplexes quand nous lisons dans la presse spécialisée qu’en France il y aurait des problèmes pour développer des PPA (le nucléaire serait même souvent pointé comme responsable).

Apparemment quand Jean-Louis Bal, le président du syndicat des énergies renouvelables dit « En France, nous avons un réel problème de compétitivité des PPA. » alors que beaucoup de consommateurs en France peuvent acheter de l’électricité à des prix parmi les plus bas en Europe, PPA dans ce contexte ne signifie donc pas seulement accords d’achat d’électricité mais une forme contractuelle plus particulière.

Face à ce malentendu, il semble bien qu’un travail de définition soit nécessaire.

Nous avons trouvé une définition intéressante dans la Directive (UE) 2018/2001 du Parlement Européen et du Conseil du 11 décembre 2018 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables (Article 2) :

Accord d’achat d’électricité renouvelable[1]: un contrat par lequel une personne physique ou morale accepte d’acheter directement à un producteur d’électricité de l’électricité produite à partir de sources renouvelables ;

Cette définition élimine donc non seulement tout contrat avec un client final d’électricité (seul un fournisseur détenteur de l’autorisation ministérielle ad-hoc peut vendre de l’électricité à un client final) mais aussi le fameux contrat « Exceltium » – contrat pourtant remarquable qui représente un volume de 148 TWh sur une durée de 24 ans – mais il s’agit d’électricité nucléaire….

En revanche, l’ensemble des contrats d’installations sous obligation d’achat avec EDF ou encore les contrats des installations avec compléments de rémunérations rentrent bien dans cette définition, tout comme une infinité de types de contrats de fourniture.

Une autre définition, pertinente et plus ciblée, nous est donnée par Voltalia dans son communiqué de presse du 26 juin 2019 annonçant la « signature du premier contrat d’achat direct d’électricité de près de 150MW et de très longue durée en France » :

Power Purchase Agreement : contrat d’achat direct d’électricité par lequel une entreprise s’approvisionne directement auprès d’une centrale solaire ou éolienne construite à cet effet et rendue possible par ce contrat long-terme.

Ici, la restriction de cette définition aux seules centrales solaires ou éoliennes exclut, peut-être arbitrairement, la biomasse, le biogaz ou encore l’hydraulique (et bien sûr, le nucléaire).

En fait ces définitions ne traduisent pas complètement l’esprit sous-entendu du dispositif, à savoir :

    • La compétitivité par rapport aux prix de marché
    • L’absence de soutien public ou de subvention (Aide d’Etat)

La compétitivité : elle ne peut se mesurer vraiment objectivement que sur l’horizon liquide des marchés, c’est-à-dire 3 ans, et encore une telle visibilité n’est pas encore vraiment disponible pour la composante capacité (certes faible en ce qui concerne le solaire). La vision long terme, quant à elle, dépendra beaucoup de la capacité du développement du solaire à effacer la marginalité encore persistante des outils de génération fossile pendant les heures ensoleillées. Même en tenant compte du fait que la valorisation de la vente de l’énergie solaire sur les marchés se traduit actuellement par un premium par rapport aux prix moyens (de l’ordre de 2€/MWh), les prix des derniers appels d’offres organisés par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) montrent encore un écart de compétitivité par rapport aux prix de marché : le prix moyen des lauréats en août dernier pour les grandes installations solaires au sol était de 59,5€/MWh. Il se trouve peut-être quelques lauréats qui dans l’ensemble finiront par apporter leur contribution au Compte d’Affectation Spécial (CAS) « transition énergétique », et non par percevoir un complément de rémunération. En tant que redevable de la CSPE, nous leur sommes reconnaissants… tout en notant que le projet de Programmation Pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit bien une augmentation globale des coûts de soutien aux énergies renouvelables sur sa période (horizon 2028).

Aide d’Etat : si le mécanisme des « PPA » résultants des appels d’offres CRE est bien considéré comme une aide d’état, cette aide est encadrée par les règles et lignes directrices européennes (autorisation de la Commission SA.46552 du 29/9/2017) qui imposent des contraintes pouvant peser sur leur compétitivité (traitement des prix négatifs, responsabilité des écarts, durées contractuelles). Ces contraintes n’existent pas forcément sous la même forme dans des « PPA » privés.

Quoi qu’il en soit, la PPE prévoit essentiellement (si ce n’est exclusivement) le développement des énergies renouvelables au travers d’appels d’offres CRE et il ne parait pas envisagé qu’un autre organe de l’État doive se charger de compléter ce déploiement par des procédures parallèles. Dans ce contexte, l’émergence d’initiatives privées, qui reviendraient à faire reposer des décisions d’investissement uniquement sur des mécanismes de marché (« le monde d’hier » tel que le qualifiait encore récemment Jean-Bernard Levy, président d’EDF) pourrait représenter un « Back to the Future » autant sympathique qu’inattendu.

[1] « Renewable Power Purchase Agreement » dans la version de la directive en langue anglaise.

Philippe Boulanger

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Expérience professionnelle & Education

Diego est diplômé en Sciences Politiques de l’université King’s College (Londres – 2021). Il a débuté sa carrière professionnelle dans une entreprise familiale à Madrid en tant que responsable des opérations. Par la suite, Diego a suivi un double programme en niveau master en Gestion et en Informatique à l’IE Universidad (Madrid – 2022), au cours duquel il a réalisé son stage en informatique dans une startup. En mai 2023, Diego a rejoint l’équipe de HES en tant que stagiaire spécialisé dans la programmation de modèles. Pour son premier projet, il a développé un outil logiciel afin de modéliser l’indisponibilité du parc nucléaire français. Par la suite, Diego a été impliqué dans le développement de nouveaux outils logiciels pour modéliser les courbes de prix, la performance des actifs de production et d’autres sujets liés au secteur énergétique. Depuis janvier 2024, Diego est en contrat indéfini chez HES. 

Diego Marroquín

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Diego Marroquín

Expérience professionnelle

Céline a rejoint l’équipe de Haya Energy Solutions en novembre 2021 en tant que responsable du marketing et de l’administration. Lors de sa première expérience professionnelle, dans le secteur du tourisme, elle exerça en tant que managerdes réseaux sociaux. Chez HES, ses missions participent au développement de notoriété et de visibilité de l’entreprise au niveau européen au travers d’actions commerciales (relations avec le client), marketing de contenu et développement de la stratégie de marque. Céline est également impliquée dans la gestion de la communication de l’entreprise : création et optimisation du site internet (WordPress & Elementor), LinkedIn, envoie de la newsletter mensuelle et organisation de conférences. De plus, Céline est impliquée dans les projets énergétiques avec les clients et agit en tant que coordinatrice de projets ou cheffe de projet. Enfin, elle est en charge de l’administration de l’entreprise (comptabilité, gestion des frais, facturation). 

Formation

Céline est diplômée en LLCER langues espagnole et anglaise à La Sorbonne (France – 2018) et est titulaire d’un Master en gestion de projets et tourisme culturel (Clermont-Ferrand/ Buenos Aires – 2021).     

Céline Haya Sauvage

Responsable Marketing

Céline Sauvage

Conseil en investissement

« La décarbonisation des secteurs de l’énergie et des transports est sans doute aujourd’hui le principal moteur économique de l’industrie. »

Expérience professionnelle

Il a débuté sa carrière dans le génie civil en tant que chef de projet en France, en Martinique et en Australie. Par la suite, il devient directeur général d’une filiale au Venezuela. En 1992, il crée une filale pour Dalkia en Allemagne (chauffage urbain, cogénération et partenariats) et représente Véolia en Thaïlande. En 2000, il a ouvert le bureau commercial d’Endesa en France pour profiter de la libéralisation du marché de détail. A partir de 2006, en tant que responsable du développement chez Endesa France, il a dirigé le plan d’Endesa pour la production à cycle combiné gaz en France et a simultanément développé le portefeuille éolien et photovoltaïque de la Snet. Philippe Boulanger a ensuite travaillé pendant 3 ans au siège d’E.ON pour coordonner les activités de l’entreprise en France. Il a été fortement impliqué dans le projet français de renouvellement de la concession hydroélectrique. En tant que Senior Vice President – Project Director chez Solvay Energy Services d’avril 2012 à février 2014, il était en charge des projets de déploiement H2/Power to gas et d’accès direct au marché européen. Philippe est un expert pour HES depuis 2014.

Formation

Philippe Boulanger est ingénieur diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole Nationale des Ponts & Chaussées (France) et possède une expérience combinée de plus de 25 ans en énergie et infrastructures. En plus de l’anglais, M. Boulanger parle couramment le français, l’allemand et l’espagnol.

Philippe Boulanger

Electricity Expert

HES-Philippe-Boulanger

« Le monde est en train de changer. De nouveaux investisseurs accordent une attention particulière au secteur de l’énergie alors que les acteurs historiques adaptent leur position sur le marché. »

Expérience professionnelle

Antonio a commencé sa carrière dans le secteur de l’électricité en 1991 en tant que membre de l’équipe du directeur général de Sevillana de Electricidad (Espagne). En 1997, il a été nommé responsable de la réglementation commerciale chez Endesa Distribución. En 2000, il rejoint le département des fusions et acquisitions d’Endesa Europe. En 2003, il est nommé directeur général d’Endesa Power Trading Ltd (UK). Un an plus tard, il devient responsable de la gestion de l’énergie à la SNET (France). En 2008, il est nommé directeur général de la SNET (France). En 2009, il devient directeur du développement de l’entreprise chez E.ON France. En 2011, il fonde Haya Energy Solutions (HES), un cabinet de conseil axé sur l’optimisation de la gestion énergétique des consommateurs, des producteurs et des fournisseurs de gaz et d’électricité. De 2015 à 2018, Antonio a combiné son activité de conseil chez HES avec la direction générale de 2 sites de production en France (2 CCGT x 410MW), détenus par KKR. Fin 2018, il a rejoint Asterion Industrial Partners, un fonds d’investissement dans les infrastructures, en tant que partenaire opérationnel. Antonio consacre, actuellement, l’essentiel de son temps au portefeuille d’Asterion, tout en conseillant, par l’intermédiaire de HES, des entreprises du secteur de l’énergie en France, en Italie, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne. 

Formation

Antonio est diplômé de l’Ecole Supérieure d’Ingénieurs de Séville (Espagne) et est titulaire d’un MBA de Deusto (Espagne). 

Antonio Haya

CEO

Antonio Haya