L’hiver 2023/2024 a été quelque peu tendu, bien que es prix de l’électricité ont baissé aussi bien en France qu’en Espagne par rapport à l’hiver dernier, conformément à la confiance accrue du marché à la suite des mesures prises par l’UE pour lutter contre la crise énergétique. Il est à noter que l’Espagne a connu plus de volatilité des prix que la France cet hiver.
L’analyse du marché français hiver 2022 vs hiver 2023
L’hiver 2022 et l’hiver 2023 sur le marché français de l’électricité ont mis en évidence des tendances distinctes en matière de demande, de sources de production et de prix de marché.
Demande :
L’hiver 2022 a commencé par une augmentation de la demande en novembre en raison du temps plus froid, atteignant une moyenne de 57,1 GW, et a culminé à 66,8 GW en décembre en raison d’une vague de froid, mais a ensuite diminué tout au long du mois de décembre et en janvier lorsque le temps s’est avéré doux. La demande a de nouveau augmenté plus tard en janvier et février, avant de chuter à nouveau à la fin de février.
En revanche, l’hiver 2023 a connu des hausses notables de la demande tout au long des premiers mois de la saison, le mois de novembre ayant connu une augmentation significative grâce à une consommation de pointe plus élevée, suivi d’un pic de décembre encore plus élevé à 73,4 GW malgré des prévisions hivernales douces. Janvier 2024 a maintenu des niveaux de demande élevés, atteignant 70,4 GW en période normale, et culminant à 83,5 GW. Nous avons constaté une baisse de la demande en février, avec une moyenne de 62,3 GW pendant les maximums et avec un pic de 68 GW. En mars, nous avons également connu une baisse significative de la consommation, avec une moyenne de 57,9 GW pendant les maximums.
Dans l’ensemble, bien que le début de cet hiver ait connu des pics importants, la demande s’est stabilisée au cours des derniers mois en raison d’un temps plus doux. Par conséquent, à partir de février, la demande d’électricité a été nettement inférieure à celle de l’année dernière, malgré des prix de l’électricité plus abordables.
Consommation d’énergie en France, hiver 2022 vs hiver 2023
Sources : RTE
Impact de la production sur la demande :
Au cours de l’hiver 2022, les niveaux élevés de la demande ont été satisfaits grâce à l’augmentation de la production de gaz et de charbon, tandis que les énergies renouvelables ont fluctué tout au long de la période hivernale. L’approvisionnement en énergie nucléaire est resté faible en raison de travaux de maintenance. Sous l’effet de la baisse de la production d’énergies renouvelables, la production d’électricité au gaz a atteint un sommet en février. En mars, le nucléaire a considérablement varié en raison des indisponibilités et des grèves, tandis que la production de gaz et de charbon a diminué. Les énergies renouvelables, en particulier l’énergie éolienne, ont joué un rôle plus important en mars.
L’hiver 2023 a montré une stabilité de la production d’énergie nucléaire et de gaz, tout en observant une diminution de l’utilisation du charbon. Cependant, les prévisions de production nucléaire de EdF prévoyaient systématiquement une production plus importante tout au long de la saison que la production qui s’est effectivement réalisée (ceci est le cas chaque année pratiquement). Les énergies renouvelables ont joué un rôle important, en particulièrement l’éolien, qui a augmenté de manière significative, comme en décembre où il a dépassé les 20 % du mix. Dans l’ensemble, la part du mix de production de l’hiver 2023 ces énergies renouvelables et du nucléaire ont augmenté par rapport à l’année dernière, tandis que le gaz est resté relativement stable mais faible.
Production nucléaire en France, hiver 2022 vs hiver 2023
Sources : RTE
Production nucléaire de l’hiver 2023/2024 : prévisions réelles vs RTE
Source : RTE, HES
Prix de marché :
L’hiver 2022 a été marqué par d’importantes fluctuations des prix dues à des niveaux de stockages gaz inadéquats, à des incertitudes sur l’approvisionnement en gaz dues à l’invasion de l’Ukraine et aux sanctions qui en ont découlé et aussi à cause d’une une capacité d’énergie installée relativement limitée pendant les périodes de pointe, en particulier en raison d’indisponibilités nucléaires non prévues dues à des problèmes de corrosion. Les prix des contrats de gaz avaient déjà considérablement augmenté au cours de l’été précédent et, bien qu’ils aient diminué par la suite, les niveaux de prix sont restés globalement élevés, ce qui a contribué à des prix de l’énergie exceptionnellement élevés aussi. En revanche, l’hiver 2023, grâce au développement de la chaîne d’approvisionnement en GNL et aux niveaux de stockage gaz élevés, a vu les prix du gaz baisser et, par conséquent, également grâce à l’augmentation de la disponibilité nucléaire française, a également vu des prix de l’électricité beaucoup plus bas. Ces deux périodes hivernales mettent en évidence la complexité du marché de l’énergie, avec des fluctuations à court terme dues à des facteurs immédiats, que nous avons vus dans la section sur la production et la demande de cet article, et à des tendances à long terme façonnées par des préoccupations géopolitiques et des sanctions, et en outre aussi les défauts de prévisions de disponibilité des centrales nucléaires d’EdF.
Au cours des premiers mois de l’hiver 2023, les prix de l’électricité ont augmenté en raison de l’augmentation de la demande. Les prix du gaz et du pétrole sont restés en général stables, à l’exception du charbon qui a connu des hausses significatives.
Prix spot de l’électricité en France, hiver 2022 vs hiver 2023
Source : EPEX
Comparaison des prix spot de l’électricité France et Espagne, hiver 2022 vs hiver 2023
Source : OMIE ; EPEX (Anglais seulement)