L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié fin novembre la première édition du « Global Gas Security Review 2016 ». Alors que le système énergétique devient plus globalisé et interconnecté, les défis liés à la sécurité du gaz évoluent. La période actuelle d’offre excédentaire de gaz – provenant des surcapacités sur le marché du GNL – ne doit pas occulter l’importance cruciale de la sécurité mondiale du gaz.
Cette nouvelle étude examine l’évolution des structures du marché du gaz mondial et se penche sur la capacité du marché à répondre aux chocs potentiels. Elle montre que la situation actuelle pourrait conduire à un faux sentiment de confort à propos de la sécurité du gaz, qui pourrait s’évaporer rapidement tant les conditions du marché sont changeantes.
En effet, une part croissante de la capacité de gaz naturel liquéfié (GNL) est hors ligne, principalement en raison d’insuffisances en ressources de gaz naturel pour alimenter les installations. Des problèmes techniques et de sécurité sont aussi en cause. Au total, 15% des capacités d’exportation sont inutilisées à l’heure actuelle :
L’étude pose ainsi la question de la redondance intégrée dans la chaine du GNL, en particulier au niveau de la liquéfaction en amont, et du niveau réel de flexibilité des marchés du GNL.
Le rapport s’intéresse aussi à la flexibilité de la demande, étudiant comment les marchés du GNL ont réagi à l’accident de Fukushima, au Japon et en Europe :
- Entre 2011 et 2013, le gaz au Japon a remplacé un tiers de la perte de génération nucléaire, quantité égale à la contribution combinée du pétrole et du charbon sur la période, soulignant l’importance d’une structure de demande diversifiée pour faire face à la crise ;
- En revanche en Europe, c’est la baisse de la demande de gaz, principalement due à la crise financière et à la flexibilité d’un mix énergétique bien diversifié, qui a permis de libérer les volumes supplémentaires de GNL nécessaires au Japon. Entre 2010 et 2013, la production d’électricité à base de charbon en Europe a augmenté de 7%, compensant environ un tiers de la baisse de la production sur gaz pendant cette période. La forte croissance des sources d’énergies renouvelables a également contribué à la baisse de la demande de gaz dans le secteur de l’électricité.
Si les deux régions ont pu utiliser leur potentiel pour passer d’un combustible à l’autre, elles se trouvent aujourd’hui de plus en plus confrontées à des changements structurels, à mesure que les centrales au charbon et au fuel sont fermées, ce qui affecte la flexibilité du marché du gaz pour répondre aux chocs globaux.
Le stockage est un élément clé d’un système de gaz sécurisé
Du point de vue de la sécurité gazière mondiale, le déclin des capacités de changement de combustibles réduira la capacité de l’Europe à servir de fournisseur majeur de volumes flexibles de GNL, en cas de perturbation mondiale. L’évolution de la structure d’approvisionnement de l’Europe vers une dépendance accrue à l’égard des importations, avec la réduction de la production domestique de gaz, pose également problème. Des importations accrues par pipeline, sur longues distances, et des approvisionnements en GNL provenant de pays extérieurs à l’Europe nécessiteront de pouvoir s’appuyer sur des stockages de gaz européens suffisamment remplis.