Analyse du marché France
L’analyse du marché français de l’énergie est essentielle pour comprendre les dynamiques et les tendances qui affectent le secteur au niveau local et international. Dans cette analyse détaillée, nous abordons les facteurs importants qui influencent les prix de l’énergie, l’offre et la demande, ainsi que les dernières politiques réglementaires. Cette vue d’ensemble permet de vous maintenir au courant des changements hebdomadaires et d’anticiper les variations possibles du marché, à la fois en France et sur d’autres marchés pertinents tels que l’Espagne.
Sommaire
Mai 2025
Figures clés du mois

Demande d’énergie et mix de production
En mai 2025, la consommation d’électricité en France lors des pointes de demande a représenté en moyenne 46 GW. Le pic de la demande d’électricité en mai a été atteint le mercredi 07 mai, avec 51,1 GW, bien en dessous des niveaux observés le mois précédent (57,8 GW).
En ce qui concerne le mix de production, la production nucléaire moyenne au cinquième mois de l’année était de 38,1 GWh. La production maximale moyenne a été atteinte début mai (41,4 GWh), et la production minimale moyenne a été atteinte le dimanche 25. La dernière semaine du mois, 19 réacteurs du parc nucléaire français étaient en arrêt programmé.
Les sources d’énergie renouvelables, comme vous pouvez le voir sur le graphique, la production photovoltaïque arrive en deuxième position dans le mix énergétique total et en première position dans la catégorie des énergies renouvelables. La production solaire représente 18,3 % et sur trois jours du mois, sa production a dépassé 14,5 GWh par jour (les 08, 23 et 30 mai). L’énergie hydraulique arrive en troisième position dans le mix énergétique total, pour la deuxième fois depuis octobre 2024 (la première fois étant le mois précédent). Les stocks hydroélectriques passent de 1 212 GWh (fin avril) à 1 873 GWh (fin mai), en dessous du niveau de l’an dernier, à la même période (2 010 GWh).

Source: Haya Energy Solutions
Prix de l’énergie et panorama du marché
Les prix moyens de l’électricité pour les contrats de base day-ahead en France ont atteint 19,36 €/MWh, en baisse radicale par rapport aux niveaux d’avril (37,19 €/MWh). Les prix spot continuent de baisser sous l’effet conjugué de températures plus élevées, d’une faible demande, d’une production solaire élevée et d’interconnexions avec l’Espagne. Comme le montre le graphique, les prix ont considérablement fluctué tout au long du mois, le prix minimum pour le contrat de base day-ahead étant de 4,2 €/MWh le 26 mai, et le prix maximum de 42 €/MWh le 29 mai. En mai 2025, les prix de l’électricité en France ont été influencés par plusieurs facteurs : une combinaison d’exportations espagnoles à un prix faible, d’une augmentation temporaire de la production éolienne et d’une production nucléaire flexible. Dans la plupart des pays européens, la production solaire exceptionnellement élevée à la mi-journée fait baisser les prix à près de 0 €/MWh, ce qui reflète une offre excédentaire temporaire. Cependant, la production éolienne et hydroélectrique restant faible, les prix rebondissent fortement le soir, sauf en France et en Espagne. De plus, les tensions géopolitiques, par exemple, la discussion entre Trump et de Poutine pour faire avancer les pourparlers de paix en Ukraine, a apporté de la volatilité sur le marché.
En ce qui concerne les importations et les exportations, en mai, la France était en position exportatrice nette avec toutes ses frontières, à l’exception de l’Espagne, comme on l’a vu le mois dernier, pour laquelle la France a importé plus qu’elle n’a exporté. L’offre excédentaire en Espagne a un impact sur les prix français. Le niveau maximal des exportations pour le mois a été de 16 343 MW.

Source: Haya Energy Solutions
Prix du gaz, le contrat spot TTF s’est clôturé à 33,56 €/MWh le 30 mai. De janvier à février, la tendance a été à la hausse, jusqu’à la mi-février où le gaz TTF a atteint son prix record (58,98 €/MWh 10/02/2025), après quoi les prix ont baissé par à-coups. Début mai, le contrat spot TTF était de 32 €/MWh et à la fin du mois, il dépassait les 33 €/MWh. Entre ces deux périodes, les prix ont légèrement augmenté (le prix le plus élevé atteignant 38 €/MWh) en raison des tensions géopolitiques et de la concurrence pour l’approvisionnement en GNL.

Source: Haya Energy Solutions
La sécurité de l’approvisionnement en GNL reste un enjeu central. Le secrétaire américain à l’Énergie a confirmé que les exportations de GNL vers l’Europe continueront de croître, citant des discussions contractuelles actives. Cependant, avec le resserrement de la balance gazière de l’Europe, on craint de plus en plus que la baisse des prix n’entraîne une fuite des volumes de GNL. Cela survient alors que les pays asiatiques s’efforcent d’investir davantage de GNL américain afin d’apaiser les tensions commerciales et d’éviter les droits de douane. Les États-Unis poussent l’Asie et l’Europe à s’engager dans des accords à long terme, intensifiant la concurrence avec le Qatar, qui a récemment eu du mal à obtenir des contrats à terme en Asie de l’Est.
Les stocks de gaz de l’UE sont remplis à 48,3 % en moyenne, contre 69,98 % l’année dernière. Les niveaux de stockage de gaz en France sont à 55,3 %, inférieurs à ceux de 2024 (58,99 %).
Market trends and futures

Source: Haya Energy Solutions
Au début du mois, les prix du pétrole ont poursuivi leur trajectoire baissière, sous l’effet conjugué de pressions structurelles et géopolitiques. Le brut Brent est tombé sous la barre des 60$/br, atteignant 59,3 $/br, son plus bas niveau depuis début avril. Cette baisse a été alimentée par une combinaison de tendances baissières macroéconomique, notamment une baisse du PIB américain au premier trimestre, des tensions commerciales persistantes entre les États-Unis et la Chine et de l’intensification des divisions au sein de l’OPEP+. La situation a été aggravée par une panne d’électricité généralisée dans la péninsule ibérique, qui a temporairement fermé les raffineries et ajouté au sentiment baissier du marché. Les craintes d’offre excédentaire, conjuguées aux tensions géopolitiques non résolues et à la faiblesse des indicateurs économiques, laissent entrevoir une pression à la baisse continue sur les prix du pétrole dans les mois à venir.
Un appel téléphonique non coordonné entre Trump et Vladimir Poutine a suscité des inquiétudes en Europe, mais a eu un impact prudent sur les marchés de l’énergie. Certains traders anticipaient la possibilité d’un cessez-le-feu ou du moins d’un assouplissement des sanctions contre la Russie. Cependant, l’appel n’a pas donné de résultats tangibles. Alors que Trump a parlé de négociations de paix, Poutine n’a fait aucune concession, et l’absence de nouvelles sanctions américaines a clairement montré que peu de progrès étaient probables.
Vers la fin du mois, l’attention s’est concentrée sur l’OPEP+. De nouvelles fuites ont confirmé qu’une nouvelle accélération de l’augmentation de la production faisait l’objet de discussions sérieuses. Une décision était attendue à la réunion du groupe du 1er juin, qui a été avancée de manière inattendue au 31 mai. Il s’agirait du troisième mois consécutif de triplement de la hausse mensuelle prévue, bien au-delà du rythme initialement prévu pour éliminer progressivement les réductions de 2024 sur 18 mois. Cette accélération a marqué une volonté plus large, en particulier de la part de grands producteurs comme l’Arabie saoudite, de regagner des parts de marché en augmentant l’offre même dans un contexte de demande fragile.
Régulation
Stockages : le Parlement européen adopte des objectifs révisés
Le 8 mai, le Parlement européen a adopté le projet de règlement assouplissant les conditions fixant les objectifs de remplissage des stockages de gaz et les assouplissant : au lieu de l’objectif de 90 % d’ici le 1er novembre, le nouvel objectif sera réduit à 83 %, à atteindre à tout moment entre le 1er octobre et le 1er décembre.
Le projet de loi vise à lutter contre la spéculation sur le marché du gaz et à faire baisser les prix, en introduisant une plus grande flexibilité dans les règles de remplissage des stockages de gaz, afin d’apaiser les tensions sur le marché du gaz, car la spéculation autour de l’objectif actuel de taux de remplissage obligatoire de 90 % d’ici le 1er novembre de chaque année faisait grimper le coût du remplissage pendant l’été. Les États membres seraient également autorisés à s’écarter d’un maximum de quatre points de pourcentage de l’objectif de remplissage en cas de conditions de marché défavorables, telles que des ruptures d’approvisionnement ou une forte demande. Si ces conditions de marché persistent, la Commission pourrait encore augmenter cet écart d’un maximum de quatre points de pourcentage.