Analyse du Marché Français
L’analyse du marché français de l’énergie est essentielle pour comprendre les dynamiques et les tendances qui affectent le secteur au niveau local et international. Dans cette analyse détaillée, nous abordons les facteurs clés qui influencent les prix de l’énergie, l’offre et la demande, ainsi que les dernières politiques réglementaires. Cette vue d’ensemble vous permettra de vous tenir au courant des changements hebdomadaires et d’anticiper les variations possibles du marché, à la fois en France et sur d’autres marchés pertinents tels que l’Espagne.
Table des matières
Septembre 2024
Évolution de la demande d’électricité et du mix de production
En septembre 2024, la consommation d’électricité en France lors des pics de demande s’est élevée en moyenne à 48,4 GW. Ce chiffre est légèrement inférieur à la moyenne observée lors des pics quotidiens en septembre de l’année dernière, qui était de 49,1 GW. Les causes possibles peuvent inclure des mesures de sobriété énergétique et une activité industrielle relativement limitée, ce qui maintient la demande à un niveau relativement bas malgré l’électrification accrue. Le pic de la demande d’électricité en septembre a été atteint le jeudi 26 septembre, à 51,2 GW, soit 3,1 GW de moins que le pic de l’été et bien en deçà des niveaux observés en hiver (par exemple, 83,5 GW en janvier).
Une vue d’ensemble de la production d’électricité montre, selon les données de RTE, que la production nucléaire a atteint en moyenne 40,6 GW maximum, soit 0,3 GW au-dessus des niveaux estivaux. La production d’énergie éolienne pendant les maxima, qui s’élevait en moyenne à 4,8 GW en juillet-août, est passée à 8,1 GW en moyenne en septembre. La production d’énergie solaire a chuté pendant les périodes maximales, passant de 11,8 GW en été à 9,7 GW. Cela peut s’expliquer par la réduction des heures d’ensoleillement en septembre par rapport aux mois d’été. Cependant, la production solaire maximale quotidienne en septembre est passée de 7,8 GW en 2023 à 9,7, ce qui représente une augmentation de plus de 20 %. La production d’hydroélectricité s’est établie en moyenne à 8,9 GW, en baisse par rapport à 10,1 GW durant l’été. Il convient de noter que les stocks hydroélectriques ont considérablement augmenté cet été, les niveaux dépassant les 3 100 GWh à la fin du mois d’août. Il s’agit du plus haut niveau de stockages observé au cours des 4 dernières années. En septembre, les stocks hydroélectriques ont légèrement diminué mais restent supérieurs à 3 000 GWh.
Le mois de septembre a donc été caractérisé par une stabilité de l’énergie renouvelable, avec une moyenne de 26,7 GW pendant les maximums, soit l’équivalent des niveaux de juillet-août. Cependant, les contributions de diverses sources renouvelables ont varié entre ces périodes. Enfin, la France a été un exportateur net d’électricité, dépassant les 8 GW nets d’exportations pendant la majeure partie du mois de septembre.
Les prix moyens de l’électricité pour les contrats de base spot en France ont doublé au cours des six derniers mois, passant de 30,03 €/MWh en mai à 56,7 €/MWh en septembre. Les prix ont considérablement fluctué tout au long du mois, le prix minimum du contrat spot étant de 12,15 €/MWh le 30 septembre, et le prix maximum à 104,98 €/MWh le 2 septembre.
Gaz
En ce qui concerne les prix du gaz, le contrat spot TTF a clôturé à 39,04 €/MWh le 30 septembre, contre 39,48 €/MWh en août. Cela montre que la baisse observée entre avril et mai, qui s’est stabilisée en juin, s’est inversée en juillet et en août et s’est à nouveau stabilisée en septembre.
En termes de production de gaz, la moyenne pendant les maxima a doublé par rapport à juin (0,8 GW), atteignant 1,5 GW, ce qui correspond aux mois d’été (1,7 GW en juillet et 1,4 GW en août). Cela était dû à une demande accrue de l’Allemagne, qui, la nuit, faute d’énergie solaire, devait importer fréquemment plus de 10 GW d’électricité. Le pic de production de gaz a été de 4,1 GW le lundi 2 septembre et le mercredi 04 septembre, soit plus du double du pic de 2,5 GW de juin.
À la fin du mois de septembre, les niveaux de stockage de gaz de la France s’établissaient à 92,4 %, soit une légère baisse par rapport à ses voisins européens (Italie: 96,6 %, Belgique : 94,05 % et Allemagne : 96 %).
Rapport sur les perspectives gaz 2024 publié par GRTgaz, septembre 2024.
Les scénarios « Perspectives gaz » démontrent l’importance du gaz et des gaz verts pour décarboner tous les secteurs d’activité et rendre le système énergétique flexible et résilient. Cet exercice de prospection mené par GRDF, GRTgaz et Teréga détaille les prévisions de consommation de gaz et de production de gaz renouvelables et bas carbone à l’horizon 2030 et 2035. Il établit une trajectoire compatible avec les objectifs climatiques européens « Fit-for-55 », qui est conforme à l’engagement d’utiliser moins de gaz, de l’utiliser plus efficacement et de l’écologiser. En 2030, 320 TWh/an de gaz seront consommés, dont environ 20 % de gaz renouvelables et bas carbone. Ces chiffres ne tiennent pas compte des quantités croissantes d’hydrogène qui seront utilisées, notamment dans l’industrie manufacturière.
Les Combustibles
Les prix du pétrole Brent sont passés de 77,52 $/b le 1er septembre à 71,98 le 27 septembre. Entre le 1er juillet, alors que le prix était de 86,60 $ le baril, et la fin septembre, cela représente une baisse de près de 20 %. La situation géopolitique au Moyen-Orient continue de jouer un rôle clé dans la tendance à la hausse et à la baisse des prix.
Tendances des contrats à terme
Le contrat d’électricité français Cal25, qui avait connu une hausse spectaculaire de 74,74 €/MWh (fin juin) à 82,25 €/MWh le 29 août, est retombé en septembre à 71,61 €/MWh. Cette baisse des prix du Cal25 peut s’expliquer en partie par l’amélioration de la disponibilité des centrales nucléaires par rapport aux années précédentes.
Les prix du charbon API Cal 25, qui avaient chuté d’environ 14 $/t en juin, le 29 août ont atteint presque les niveaux de mai à 124,94 $/t, ils sont restés à des niveaux similaires – 124,37 $/t – à la fin de septembre.
Le contrat TTF Cal25 a atteint 38,33 €/MWh le 30 septembre, soit une augmentation de plus de 21% depuis le prix de mars (il était de 29,99 €/MWh). Le TTF Cal 26 a suivi une tendance à la hausse mais est resté en dessous des niveaux de Cal25 tout au long du mois de septembre et a clôturé à 33,64 €/MWh le 30 septembre. Les fonds spéculatifs anticipent des tensions potentielles dans les stocks de gaz. La première raison est une baisse des exportations américaines de GNL vers l’Europe en raison de l’augmentation de la demande en provenance d’Asie et de l’impact possible de la saison des ouragans, qui s’étend jusqu’en novembre. La deuxième raison est une forte baisse des températures (en dessous des normales saisonnières), qui pourrait entraîner une augmentation significative de la demande totale de gaz.
Les prix de l’EUA Dec’24 ont suivi une tendance baissière, passant de 71,06 €/t le 29 août à 65,56 €/t le 30 septembre.
Système électrique français T1-2024
Le 30 juillet, RTE a publié son bilan du système électrique français pour le premier semestre 2024.
Les principales caractéristiques de la révision de ce premier semestre :
- La production d’électricité en France atteint son plus haut niveau depuis 2019, avec 272 TWh produits en milieu d’année.
- La production hydroélectrique était exceptionnellement élevée. Il est supérieur de 37% à celui de l’année dernière (+11,1 TWh) et de 13% à la moyenne 2000-2020.
- La production d’énergie nucléaire continue de se remettre de l’épisode de corrosion sous contrainte. En hausse de 12% par rapport à la même période l’an dernier (+19,1 TWh), mais toujours inférieure de 14% à la moyenne 2000-2020.
- La production renouvelable ne cesse d’augmenter, avec une production éolienne de 25,5 TWh (18 GW le 22 février) et d’énergie solaire de 11,4 TWh (15 GW le 10 mai 2024).
- La production d’électricité à partir de combustibles fossiles a été la plus faible depuis les années 1950, à 11,5 TWh (c’est-à-dire ~solaire), soit une réduction de 54 % par rapport à la moyenne 2000-2020.
- La France a battu son record d’exportations nettes, avec 42 TWh nets (contre 13 TWh à la même période l’an dernier).