L’avenir de l’énergie nucléaire française est enfin dévoilé

[Cet article était basé sur l’information disponible au 18 janvier 2019 et la PPE a depuis été publiée. Et son contenu est conforme à ce que nous avions anticipé…]

Après quelques retards et hésitations, le Gouvernement Français a présenté, le 27 novembre 2018, la trajectoire de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Il ne s’agit pas encore du projet de décret sur la PPE, un dossier de plus de 400 pages qui sera publié dans les prochains jours, mais d’une annonce pour mettre fin aux discussions en cours.

Dans sa « trajectoire PPE », avec l’annonce du président de la République en personne, le Gouvernement a finalement précisé l’avenir de la filière nucléaire d’EDF. Sans grande surprise, l’objectif de réduction de la production nucléaire à 50% (par rapport aux 72% actuels) est reporté à 2035. Pour ceux qui ne connaitraient pas le dossier, dans la Loi pour la Transition la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) ce tournant était fixé à 2025. La filière s’octroie un répit, même si dans l’annonce du gouvernement il est précisé que :  l’arrêt de la centrale de Fessenheim est programmé au premier semestre 2020 (quel que soit le calendrier de mise en service de l’EPR de Flamanville); que entre 4 à 6 réacteurs seront arrêtés avant 2030 ; et que le reste, jusqu’à 14 unités, le sera entre 2029 et 2035. Mais, en résumé, il n’y a que Fessenheim qui sera sacrifié durant ce mandat.

Le nucléaire français et EDF ont finalement sauvé ce nouvel assaut. Une victoire à la Pyrrhus pour EDF, après le sacrifice de 2 unités de production, la reconnaissance explicite du besoin de se réinventer (“pour faire face aux défis auxquels l’entreprise est confrontée … ”) et le gel de la technologie EPR (jusqu’à ce qu’il soit démontré que c’est une solution d’avenir). Un dénouement qui a coûté très cher au gouvernement, lequel a perdu en chemin son ministre vedette en même temps que sa crédibilité « verte ». Plus encore, la « trajectoire PPE » confirmant les principes de la taxation verte et sa dérivée de taxe carbone a déclenché la révolte des « gilets jaunes » qui à la date d’aujourd’hui n’est pas encore apaisée.

La Programmation Pluriannuelle de l’Energie ou PPE est un décret rédigé par le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire servant d’outil de pilotage à la politique énergétique française sur dix ans. Le projet de PPE a été proposé en 2014 sous l’impulsion de Ségolène Royal, alors ministre en charge de l’environnement, et la première version a été approuvée le 1er juillet 2016. Cette première version avait pour vocation d’être retoquée en 2018 pour les périodes 2018 à 2023 et 2024 à 2028. Le nouveau ministère chargé de l’écologie a lancé en mars 2018 un débat public sur la PPE qui, a en partie retardé les travaux de cette PPE. Le résultat final de ces travaux devrait être publié dans les prochains jours.

En attente de la publication du décret PPE, en novembre, le gouvernement a voulu présenter comme mise en bouche un dossier de presse intitulé de « trajectoire PPE ». Dans cette trajectoire ont été fixés les principaux axes de la programmation pluriannuelle, objectifs, moyens et support fiscal de la nouvelle politique :

  • Confirmation sur la réduction d’utilisation des énergies fossiles : -40% de consommation d’ici à 2030 (par rapport à 2012) pour aller vers la neutralité carbone à l’horizon 2050. Essentiellement à travers des politiques sur le bâtiment, la mobilité et les usages quotidiens de l’énergie :
    • L’investissement pour la rénovation énergétique des bâtiments. Le Crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) sera étendu aux propriétaires bailleurs à partir de 2020.
    • Le développement de nouvelles formes de mobilités (covoiturage, mobilités douces, mobilité électrique, voiture autonome); la prime à la conversion automobile est revue avec un objectif à la hausse d’un million de bénéficiaires dans le quinquennat.
    • Investissement pour remplacer tous les objets de notre quotidien qui consomment trop d’énergie fossile. La prime à la conversion des chaudières est maintenue.
  • Dans le domaine de l’électricité :
    • Confirmation de l’engagement sur le développement des énergies renouvelables à moindre coût : Le développement d’une nouvelle filière d’éolien en mer, triplement de l’éolien terrestre, multiplication par cinq du photovoltaïque à l’horizon 2030.
    • Retard dans la fermeture des réacteurs nucléaires, avec l’objectif d’une réduction du nucléaire à 50% d’ici à 2035 avec l’arrêt de 14 réacteurs. La version définitive de la programmation pluriannuelle de l’énergie identifiera sur quels sites ces réacteurs vont fermer. L’arrêt de la centrale de Fessenheim est programmé au premier semestre 2020, quel que soit le calendrier de mise en service de l’EPR de Flamanville. En dehors de Fessenheim, 4 à 6 réacteurs seront arrêtés avant 2030, selon l’évolution des marchés. Aucune décision n’est prise sur la construction de nouveaux réacteurs en attente d’un retour d’expérience des premiers EPR.
    • L’arrêt des centrales à charbon d’ici à 2022 est confirmé.
    • Le Gouvernement demande à la direction d’EDF de proposer les évolutions du groupe qui permettent de faire face aux défis auxquels l’entreprise est confrontée dans le nucléaire, les énergies renouvelables, les services énergétiques et les réseaux.
  • Taxes sur le carburant : confirmation de la trajectoire de la « composante carbone » avec une valeur de la tonne de CO2 en 2022 de 86 euros ; et confirmation de la convergence progressive et maitrisée des taxes sur le gazole et l’essence en tenant compte des fluctuations du baril.

Les choses commencent à s’éclaircir dans le nucléaire, du moins en ce qui concerne ce quinquennat. Seule Fessenheim va fermer. Quant au reste, nous verrons….

Dans le domaine des Taxes, la déclaration de novembre sur la trajectoire de la PPE a été balayée par le vent des gilets jaunes. Les principes énoncés dans la trajectoire PPE sont déjà, à peine un mois après, obsolètes. Les mesures d’urgence décidées par le gouvernement face à la crise des gilets jaunes remettent en question la viabilité économique de la PPE, qui s’autofinançait à partir des taxes sur la consommation de combustibles fossiles maintenant mises en cause.

Le lancement du grand débat national ce 15 janvier ouvre à nouveau des incertitudes sur la PPE. Dans la lettre adressée aux français par Emmanuel Macron comme ouverture du débat, le président fixe les sujets aux « cœur de nos interrogations ». Même si « il n’y a pas de questions interdites », nous pensons que les sujets à débat seront basiquement ceux listés par le président dans sa missive. Au sujet de la transition énergétique et écologique, l’un des quatre thèmes du grand débat, le président interroge les français plus sur les moyens que sur les fins :

« Comment finance-t-on la transition écologique : par l’impôt, par les taxes et qui doit être concerné en priorité ?

Comment rend-on les solutions concrètes accessibles à tous, par exemple pour remplacer sa vieille chaudière ou sa vieille voiture ? Quelles sont les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier ?

Quelles sont les solutions pour se déplacer, se loger, se chauffer, se nourrir qui doivent être conçues plutôt au niveau local que national ? Quelles propositions concrètes feriez-vous pour accélérer notre transition environnementale ? (…) »

Nous pensons que la PPE est déjà pratiquement arrêtée. Le résultat de cette grande concertation nationale pourra changer le mode de financement, et quelques sujets accessoires, mais les objectifs déjà communiqués dans la trajectoire PPE sortiront indemnes de cet exercice politique. Je prends les paris…

Antonio Haya

Suscribe to our Newsletter

Each month, one of our experts publishes an article describing his view on a specific topic of the constant changes taking place in the energy market, with special focus on the French market.

S'abonner à notre newsletter

Chaque mois, un de nos experts publie un article décrivant son point de vue sur un sujet spécifique choisi parmi les changements constants affectant le marché de l’énergie, avec un focus particulier sur le marché français.

Expérience professionnelle

Céline, jeune active dynamique, a fait ses premiers pas dans le monde du travail dans le domaine du tourisme en tant que community manager au Loups du Gévaudan, en Lozère. En rejoignant l’équipe HES en novembre 2021, elle a souhaité diversifier ses connaissances : se former dans le secteur énergétique, se spécialiser dans les stratégies marketing afin de développer les relations clients de l’entreprise ; tout en approfondissant ses compétences en coordination et gestion de projets.

Formation

Céline est diplômée d’une double licence Espagnole – Anglais en Langue, Littérature et Civilisation Etrangère à la Sorbonne IV (2018). Elle a aussi obtenu un Master II en Direction de Projets ou Etablissements Culturel, spécialité Tourisme International. Elle a également étudié à l’étranger, à University of London (Angleterre) et Universidad de Morón (Argentine).

Céline Haya Sauvage

Responsable Marketing

DSC_0323

Conseil en investissement

« La décarbonisation des secteurs de l’énergie et des transports est sans doute aujourd’hui le principal moteur économique de l’industrie. »

Expérience professionnelle

Il a débuté sa carrière dans le génie civil en tant que chef de projet en France, en Martinique et en Australie. Par la suite, il devient directeur général d’une filiale au Venezuela. En 1992, il crée une filale pour Dalkia en Allemagne (chauffage urbain, cogénération et partenariats) et représente Véolia en Thaïlande. En 2000, il a ouvert le bureau commercial d’Endesa en France pour profiter de la libéralisation du marché de détail. A partir de 2006, en tant que responsable du développement chez Endesa France, il a dirigé le plan d’Endesa pour la production à cycle combiné gaz en France et a simultanément développé le portefeuille éolien et photovoltaïque de la Snet. Philippe Boulanger a ensuite travaillé pendant 3 ans au siège d’E.ON pour coordonner les activités de l’entreprise en France. Il a été fortement impliqué dans le projet français de renouvellement de la concession hydroélectrique. En tant que Senior Vice President – Project Director chez Solvay Energy Services d’avril 2012 à février 2014, il était en charge des projets de déploiement H2/Power to gas et d’accès direct au marché européen. Philippe est un expert pour HES depuis 2014.

Formation

Philippe Boulanger est ingénieur diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole Nationale des Ponts & Chaussées (France) et possède une expérience combinée de plus de 25 ans en énergie et infrastructures. En plus de l’anglais, M. Boulanger parle couramment le français, l’allemand et l’espagnol.

Philippe Boulanger

Electricity Expert

HES-Philippe-Boulanger
« Le monde est en train de changer. De nouveaux investisseurs accordent une attention particulière au secteur de l’énergie alors que les acteurs historiques adaptent leur position sur le marché. »

Expérience professionnelle

Antonio a commencé sa carrière dans le secteur de l’électricité en 1991 en tant que membre de l’équipe du directeur général de Sevillana de Electricidad (Espagne). En 1997, il était responsable de la réglementation commerciale chez Endesa Distribution. En 2000, il rejoint le département M&A européen d’Endesa. Il a été nommé CEO d’Endesa Power Trading Ltd en 2003. En 2004, il devient Directeur de la gestion de l’énergie de la SNET (France) et en 2008, il est nommé Directeur Général de cette société. En 2009, il a occupé le poste de Directeur du Développement Entreprise d’E.ON France. En 2011, il a fondé Haya Energy Solutions (HES), une société de conseil qui aide les entreprises à optimiser leur chaîne de valeur : de la définition de la stratégie aux opérations quotidiennes, en s’appuyant sur une solide expérience et une bonne compréhension de l’industrie de l’énergie. De 2015 à 2018, Antonio a été Président de Celest qui opère 2 CCGT françaises (420MW chacune), détenues par KKR. Fin 2018, il rejoint Asterion Industrial Partners, un fonds d’investissement dédié aux infrastructures, en tant que partenaire opérationnel.

Formation

Ingénieur industriel de l’Ecole Supérieure d’Ingénieurs de Séville (Espagne) et titulaire d’un MBA de Deusto (Espagne).

Antonio Haya

CEO