Analyse du marché France
L’analyse du marché français de l’énergie est essentielle pour comprendre les dynamiques et les tendances qui affectent le secteur tant au niveau local qu’international. Dans cette analyse détaillée, nous abordons les facteurs clés qui influencent les prix de l’énergie, l’offre et la demande, ainsi que les dernières politiques réglementaires. Cet aperçu complet permettra de vous tenir au courant des changements mensuels et d’anticiper les variations possibles du marché, tant en France que sur d’autres marchés pertinents tels que l’Espagne.
Sommaire
Novembre 2025
Chiffres du mois
Demande d’énergie et mix de production
En novembre 2025, la consommation d’électricité en France lors des pics de demande a représenté en moyenne de 61 GW, soit 1 % de plus qu’en novembre 2024. De plus, le pic de demande d’électricité durant novembre a été atteint le vendredi 21 novembre, avec 75,9 GW, bien au-dessus des niveaux du mois précédent (57,9 GW). Ce pic correspond à l’arrivée de la masse d’air polaire durant la semaine du 17 au 24 novembre. Les températures sont restées en dessous des normales saisonnières et la neige est tombée jusque dans les plaines le week-end du 22-23 novembre.
En ce qui concerne le mix de production, la production nucléaire moyenne en novembre était de 48,8 GWh. La production maximale moyenne a été atteinte à la fin du mois (52,1 GWh), et la production minimale moyenne a été atteinte le premier jour du mois (43 GWh). Une forte production nucléaire contribue à des conditions d’approvisionnement optimales. La dernière semaine du mois, 7 des 57 réacteurs du parc nucléaire français étaient en arrêt programmé.
Dans le cadre du dispositif post-Arenh de partage des revenus issus de l’exploitation des centrales nucléaires existantes par EDF, un projet de décret a fixé les seuils de taxation pour la première période allant de janvier 2026 à décembre 2028, à 78 €/MWh et 110 €/MWh respectivement. De plus, mi-novembre, la cour des Comptes a annoncé : « La poursuite de l’exploitation du parc nucléaire existant, jusqu’à 50 ans, puis 60 ans, pourrait s’avérer particulièrement rentable pour EDF ». Le coût supplémentaire associé à cette extension est estimé à 51 €/MWh (en euros 2023). L’institution considère ce coût comme « très compétitif par rapport à la construction de nouvelles capacités de production », renouvelable ou non.
En ce qui concerne les sources d’énergie renouvelable, comme vous pouvez le voir sur le graphique, la production hydraulique arrive en deuxième position dans le mix énergétique total, pour la première fois depuis mars, représentant 15,2 % de la production totale et première dans la catégorie des énergies renouvelables. Les stocks hydroélectriques sont passés de 2 285 GWh (fin novembre) à 2 498 GWh (fin octobre), en dessous du niveau de l’année dernière (2 782 GWh). L’énergie éolienne occupe la troisième place dans le mix énergétique total, représentant 12 % (en accord avec les niveaux du mois dernier – 10,1 GWh). Enfin, la production photovoltaïque a considérablement diminué (8,3 GWh) ; nous entrons dans la période de l’année avec le plus faible ensoleillement (de novembre à février). Nous pouvons nous attendre à ces niveaux de production solaire dans les mois à venir.
Source: Haya Energy Solutions
Prix de l’énergie et panorama du marché
Premièrement, les prix moyens de l’électricité pour les contrats day-ahead en France ont atteint 61,5 €/MWh, soit 74 % de baisse par rapport aux niveaux de novembre-24 (106,84 €/MWh). Comme le montre le graphique, les prix ont fluctué considérablement tout au long du mois, le prix minimum day-head étant de 21,47 €/MWh le 4 novembre, et le prix maximal de 112,72 €/MWh le 20 novembre. En France, la consommation est thermosensible et en novembre, les températures sont restées légèrement au-dessus des normales saisonnières, réduisant la demande d’électricité. Ces températures modérées, combinées à une production éolienne solide et à une forte disponibilité nucléaire, ont maintenu les prix de l’électricité en France bas. Les prix ont davantage diminué du fait de l’annonce de RTE d’une révision de la demande pour 2035, environ 9 % inférieure à ce qui était prévu. Par ailleurs, les discussions à l’Assemblée nationale sur la possibilité de réduire les objectifs renouvelables lors de la prochaine PPE n’ont eu qu’un impact négligeable sur le marché.
Concernant les importations et exportations, en novembre, la France était en position d’exportateur net avec toutes ses frontières, sauf l’Espagne. Le niveau maximal d’exportations pour le mois était de 18 596 MW.
Source: Haya Energy Solutions
Deuxièmement, prix du gaz, le contrat spot TTF a clôturé à 28,6 €/MWh le 28 novembre. Au cours du mois, les prix spot ont légèrement varié entre 28,6 € et 31,9 €/MWh. Depuis février, les prix TTF ont une forte tendance baissière (sauf de mai à juin). Son prix le plus bas, depuis le début de l’année, a été atteint fin novembre grâce à un approvisionnement robuste en GNL, de bons niveaux de stockage de gaz et des températures saisonnières supérieures à la moyenne réduisant ainsi la demande de chauffage. De plus, la demande asiatique de GNL reste modérée, non seulement en Chine mais aussi auprès de plusieurs autres acheteurs régionaux, limitant la concurrence européenne pour les cargaisons. De plus, la possibilité de progrès vers un accord de paix dans le conflit ukrainien a contribué à réduire la pression sur les prix.
Source: Haya Energy Solutions
Les stocks de gaz de l’UE sont en moyenne remplis à 75,4 %, contre 95,2 % l’an dernier. Les niveaux de stockage de gaz en France sont à 81,9 %, en dessous de 2024 (95,2 %). Il convient de noter que depuis juillet 2025, le Parlement européen a assoupli l’exigence minimale de stockage de 90 %, permettant aux États membres d’atteindre cet objectif à tout moment entre le 1er octobre et le 1er décembre. Une fois le seuil atteint, il n’est plus obligatoire de le maintenir jusqu’à la fin de l’année, offrant ainsi aux pays une plus grande flexibilité opérationnelle.
Tendances du marché et produits futurs
Source: Haya Energy Solutions
En novembre, les prix de l’électricité ont considérablement diminué pour tous les contrats, les baisses les plus significatives se produisant pour les contrats à moyen terme comme le T2, qui a chuté d’environ 13 %. La courbe du prix futur calendaire français est en contango clair, avec le Cal-26 se négociant autour de 52,37 €/MWh et le Cal-27 à 55,14 €/MWh, tandis que d’autres marchés d’Europe occidentale restent en backwardation. Les prix calendraire français ont atteint leur plus bas niveau depuis les dernières années.
De même, les prix du gaz ont chuté, d’environ 4 % sur tous les produits futurs. La chute des prix du gaz en Cal-26, sous la barre de 30 €/MWh, souligne l’attente du marché selon laquelle l’augmentation de l’offre de GNL exercera une pression baissière significative dans les années à venir.
Les prix du CO₂ ont connu une augmentation d’environ 3 % pour les échéances 2025 et 2026 par rapport au mois précédent. Les contrats à terme sur le CO₂ ont atteint leur plus haut niveau depuis début février. Cela envoie des signaux contradictoires concernant la formation des prix : des coûts plus bas du gaz ont apporté un certain soulagement aux actifs gaz, mais la hausse des prix du carbone a augmenté les coûts des centrales les plus intensives en carbone. Cela pourrait contribuer à la hausse des prix de l’électricité sur de nombreux marchés européens. De plus, cette dynamique haussière a également été soutenue par l’attention continue du marché portée sur le plan allemand de réduction des coûts énergétiques pour l’industrie, une mesure considérée comme favorable aux émissions industrielles et donc favorable aux prix du carbone.
Du côté du pétrole, l’OPEP+ a annoncé une pause dans la croissance de l’offre au cours du premier trimestre 2026. Cet ajustement prudent reflète les attentes d’une demande saisonnière plus faible en début d’année prochaine et des inquiétudes concernant un potentiel surplus d’offre. De plus, à la fin du mois de novembre, les prix du pétrole ont ralenti, les marchés se concentrant sur des signes de progrès dans les négociations d’une proposition de paix entre la Russie et l’Ukraine. Fin novembre, il semble peu probable que des progrès significatifs soient réalisés, maintenant les marchés pétroliers sont en mode attente et observation.
Réglementation
Dans le cadre du dispositif post-Arenh de partage des revenus issus de l’exploitation des centrales nucléaires existantes par EDF, un projet de décret a fixé les seuils de taxation pour la première période allant de janvier 2026 à décembre 2028, à 78 €/MWh et 110 €/MWh respectivement.
Il convient de noter que novembre 2025 a marqué le second mois de mise en œuvre du système de tarification 15 minutes sur le marché français de l’électricité, passant de 24 prix horaires par jour à 96 prix quart-horaires. Cette nouvelle méthodologie a permis une plus grande granularité des prix et une réponse plus précise aux fluctuations en temps réel de l’offre et de la demande.